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L’armée israélienne s’attendait à trouver Yahya Sinouar quelque part dans le réseau des tunnels qu’il a contribué à agrandir et à perfectionner, depuis son retour à Gaza en 2011. C’est pourtant en plein jour, plus d’un an après une guerre meurtrière, qu’il a été tué, lors d’une patrouille de l’armée israélienne dans le sud de l’enclave.
Il est né en 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de l’enclave, où avaient échoué ses parents, originaires d’Ashkelon, lors de la Nakba, l’exode forcé de quelque 700 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël, en 1948. Dans cette époque troublée, la ville délaissée devient un bastion des Frères musulmans, un mouvement islamiste né en Egypte contre l’occupant britannique.
Sa conscience politique se forme, surtout après son entrée à l’université islamique de Gaza, fondée par les mêmes Frères musulmans, où son activisme lui vaut une première arrestation par les autorités israéliennes, à 19 ans, en 1982, alors que l’enclave est occupée par Israël depuis 1967. Il est de nouveau arrêté en 1985, ce qui lui fait gagner la confiance d’un certain Ahmed Yacine, qui fondera le Hamas en 1987.
Yahya Sinouar forme alors, avec un petit groupe de militants radicaux, plus combattants qu’apparatchiks, le premier appareil de renseignement et de sécurité du mouvement islamiste palestinien, qui sera nommé « Al-Majd », « la gloire ». Le groupe se consacre à la chasse aux Palestiniens collaborant avec Israël et lutte plus largement contre tous ceux qui dévient trop ouvertement de l’idéologie islamiste de l’organisation.
Son but : renforcer l’organisation de l’intérieur, quitte à interroger, torturer et tuer lui-même ses victimes, comme il s’en est vanté auprès des Israéliens – et qui lui a valu son surnom, « le Boucher de Khan Younès », sa ville d’origine. Arrêté par les Israéliens en 1988, il est condamné à quatre peines de prison à vie pour le meurtre de douze Palestiniens considérés par le Hamas comme des collaborateurs avec l’Etat hébreu.
Il est incarcéré pendant vingt-deux ans. Durant sa détention, il s’impose comme un leader auprès des autres prisonniers palestiniens. Et apprend l’hébreu. Le colonel de réserve de l’armée israélienne, Doron Hadar, qui l’a rencontré à plusieurs reprises, décrivait en août au Monde un « réaliste ». « Il connaît très bien les Israéliens. Il lisait nos journaux, regardait nos émissions de télévision. C’est aussi un narcissique avec des objectifs maximalistes, qui a besoin de tout le temps garder le contrôle », ajoutait M. Hadar.
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